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Souvenirs, souvenirs,

Publié il y a 6 ans par

Souvenirs, souvenirs,

Une mémorable victoire à Mazères en 1973

 

En 1973, Didier Navarre avait neuf ans. Lors d’un déplacement à Mazères, il a connu son premier frisson rugbystique, celle d’une victoire de l’ASM entraînée à l’époque par Albert, son père. Récit et souvenir d’un match qui dans sa mémoire n’a pas pris une ride (chapo).

 

 

Pour moi, l’ASM, elle fait partie de mon patrimoine. Elle est comme une amie avec ses qualités et ses défauts. De cette tunique rouge et bleue, j’ai eu la chance d’y  être introduit par mon père qui a eu le privilège de coacher, d’entraîner l’équipe fanion dans les décennies 70, 80, 90.

Dans les nombreux souvenirs qui peuplent ma mémoire, je plonge dans la saison 1973-74. Cette année –là, l’ASM évolue dans la compétition Honneur en compagnie de Blagnac, les PTT de Toulouse, Mazères-Cassagne et Tarascon.

Lors de journée inaugurale, elle prend le meilleur à Jean- Castet  sur les postiers de Toulouse (14-3). Deux semaines après, elle se rend à Mazères afin de confirmer ce premier succès. Un déplacement dans le Comminges qui n’est pas de tout repos, car  de nombreuses générations d’asémistes se sont cassés les dents    sur ce stade des Bouque-Lens.

En cette année 1973, Georges Pompidou est toujours président. La télé ne possède que deux chaines nationales. En octobre 1973, la troisième chaine rentrera dans les foyers Midi-Pyrénées. Pour la petite histoire, Montesquieu a eu la faveur d’un large reportage  pour l’inauguration de la troisième chaine (voilà pour le côté anecdotique).

 

Pour en revenir à ce déplacement à Mazères, l’entraîneur Albert Navarre a fait appel à un vieux briscard des stades pour caler la mêlée : André Rouch qui rechausse les crampons alors qu’il approche de la quarantaine. J’ai le souvenir que l’équipe réserve assure le lever de rideau. Elle s’incline (8-0).

En présence de mon père, j’ai la chance d’assister à la mise en place et à  la préparation de l’équipe fanion qui dans moins d’une heure doit en découdre face à son hôte commingeois.

Les visages sont graves, les effluves de camphre et de Dolpic me flattent les narines. A mesure que le temps passe, l’adrénaline monte. Soudain, André Rouch s’approche de mon père et lui tient ce propos. «  Albert, dix minutes avant le match, on rentre aux vestiaires. J’ai quelque chose à leur dire. »

Mon père ne peut pas refuser cette requête auprès du patriarche du pack. J’ai la chance d’être dans ce vestiaire. Le discours d’André Rouch est très succinct. «  Les enfants, je veux que nous fassions la première mêlée dans leur vingt-deux mètres sinon je quitte le terrain. » Le ton est ainsi  donné.

La motivation est à son paroxysme. Le jeune flanker, Thomas Garcia (19 ans à l’époque)  d’un poing rageur malmène la porte du vestiaire. Soudain, le directeur de jeu délivre son premier coup de sifflet appelant ainsi les deux équipes pour en découdre. Le match est engagé.

Pour la petite histoire, l’ASM a fait la première mêlée dans les vingt-deux mètres de son adversaire et André Rouch n’est pas sorti.

C’est Montesquieu qui inaugure le tableau d’affichage par une pénalité de Jacques Pons. L’ASM mène (3-0), mais avant la pause, Mazères reprend la tête au tableau d’affichage par un essai d’un pur classicisme. Au changement de côté, le score est acceptable (3-4).

L’exploit est encore possible. C’est à l’heure de jeu que ce match bascule. Une mêlée favorable à l’ASM, «  Coco » Brière, le demi-de mêlée allume l’offensive.

Les attaquants du Volvestre sèment le trouble dans la défense adverse, le regretté « Bimbo » (allias Claude Fourcade) vient s’intercaler et décale Roland Peyre qui plonge victorieusement  en coin. Montesquieu mène (7-4). Dans la tribune, la colonie de supporters  montesquiviens exulte.

Sur le banc de touche, je revois mon père (pourtant très discret) sauter de joie. Le soigneur,  Henry Beaume enlace le président Sauné. La fin du match est à la limite du supportable. Les défenseurs montesquiviens multiplient les  placages afin de défendre ce petit capital de trois points. En toute fin de match, l’ASM a la possibilité de creuser l’écart. Le capitaine, Michel Galy s’échappe et plonge en coin. Le directeur de jeu ne valide pas l’essai, mais siffle la fin du match sur la victoire de Montesquieu (7-4).

Un coup de sifflet libérateur, sur le banc, c’est l’effervescence. Les supporters descendent des tribunes et viennent féliciter leurs protégés. Michel Galy est porté en triomphe. Mon père embrasse « Tito », le pilier gauche qui a livré une partie courageuse face au rugueux pilier mazérien, Picasse.

C’était un dimanche d’octobre 1973 à Mazères. Une victoire qui a marqué ma mémoire. Quarante- quatre ans après, j’ai une pensée émue  pour les chers disparus qui  sont mon père, Henry Beaume, le président Sauné, André Rouch, « tito », Claude Fourcade.

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